Le site archéologique de La Granède, surplombant Millau dans l’Aveyron, offre un témoignage exceptionnel de l’occupation humaine sur plus de 6000 ans. Cent ans après sa première description par Albert Carrière, les fouilles successives ont révélé une histoire riche et complexe, du Néolithique au Moyen Âge.
Une position stratégique occupée dès le Néolithique
Situé sur un éperon rocheux dominant la vallée du Tarn, La Granède bénéficie d’une position naturellement défensive. Les premières traces d’occupation remontent au Néolithique moyen (4200-3800 av. n.è.), avec la découverte de céramiques caractéristiques du Chasséen et d’outils en silex.
De la Protohistoire à l’Antiquité : un site fortifié majeur
La Granède connaît une occupation continue à partir de l’âge du Bronze. Les archéologues ont mis au jour :
- Un foyer daté du Bronze final IIIa (1001-844 av. n.è.)
- Des céramiques ornées typiques du Bronze final IIIb (IXe-VIIIe s. av. n.è.)
- Trois systèmes de remparts successifs, du Bronze final à l’Antiquité tardive
« La puissance sédimentaire du plateau calcaire est faible, à l’exception des dolines, et ce sont les rares anfractuosités du substrat qui piègent les unités les plus anciennes. »
Cette citation illustre les défis rencontrés par les archéologues pour reconstituer l’histoire du site.
Un sanctuaire gallo-romain au sommet de La Granède
Les fouilles archéologiques ont mis au jour l’existence d’un lieu de culte antique au point culminant du site de La Granède. Ce sanctuaire, probablement fréquenté du Ier au IIe siècle de notre ère, témoigne de l’importance religieuse et sociale que revêtait ce site à l’époque gallo-romaine. Les archéologues ont découvert des vestiges d’une chapelle carrée, ainsi qu’une terrasse aménagée à l’est et un bassin rectangulaire au nord, initialement enduit de béton de tuileau. Le mobilier archéologique associé, comprenant des céramiques sigillées, des statuettes et des monnaies, atteste de la richesse et de la diversité des offrandes déposées par les fidèles. Ces découvertes suggèrent que le sanctuaire jouait un rôle central dans la vie communautaire, servant à la fois d’espace de dévotion et de rassemblement pour les habitants de la région.
Une église paléochrétienne : symbole d’une nouvelle ère
Aux Ve et VIe siècles, suite à la chute de l’Empire romain d’Occident, une église paléochrétienne fut édifiée sur les vestiges du temple antique. Cette transformation illustre non seulement la christianisation progressive de la région, mais aussi la continuité de l’importance religieuse du site au fil des siècles. L’église, qui réutilisait partiellement les structures du sanctuaire gallo-romain, marquait une étape cruciale dans l’évolution des croyances et des pratiques cultuelles. Elle témoigne d’un changement profond dans la société locale, où le christianisme commençait à s’imposer comme nouvelle foi dominante. Ce passage d’un culte païen à une pratique chrétienne souligne l’adaptabilité des communautés face aux bouleversements sociopolitiques de l’époque. Ainsi, La Granède devient un symbole de cette transition historique, reflétant les mutations culturelles qui ont façonné le paysage religieux du territoire millavois. Cette version offre une meilleure clarté et une profondeur supplémentaire sur les aspects historiques et culturels des deux périodes évoquées.
Un siècle de recherches archéologiques
Depuis la première description d’Albert Carrière en 1921, La Granède a fait l’objet de nombreuses campagnes de fouilles :
- 1958-1967 : Premières fouilles par Louis Balsan
- 1991 : Sondages par Philippe Gruat
- 2006-2017 : Onze campagnes dirigées par Christophe Saint-Pierre
Ces interventions ont permis de mieux comprendre l’évolution de l’occupation du site et son importance dans l’histoire régionale.
La Granède apparaît ainsi comme un site archéologique majeur, offrant un panorama unique de l’occupation humaine sur les causses du sud du Massif Central, de la Préhistoire au Moyen Âge. Les recherches en cours continuent d’affiner notre compréhension de ce lieu exceptionnel et de son rôle dans l’histoire de Millau et de sa région.
Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à consulter ce lien vers un PDF disponible sur le site du Conseil général de l’Aveyron. Il a été rédigé par Christophe Saint-Pierre, un archéologue qui a consacré plusieurs années aux fouilles de La Granède. https://aveyron.fr/sites/default/files/documents/Archelogie/la_granede.pdf