Victoire russe, fracture de l’Occident : Emmanuel Todd décrypte la fin d’un monde





Victoire russe, fracture de l’Occident : Emmanuel Todd décrypte la fin d’un monde

Épisode 6 – Le Monde selon Todd (Fréquence Populaire)


Résumé

Dans ce nouvel épisode de Fréquence Populaire, Emmanuel Todd, historien et anthropologue, livre une analyse tranchante de la situation géopolitique actuelle. Entre défaite militaire occidentale en Ukraine, fracture interne des sociétés européennes, et colonisation économique des élites par les États-Unis, Todd trace les contours d’une ère qui s’effondre.

À travers une grille de lecture sociologique et historique, il pointe les contradictions des blocs politiques, la montée d’un égalitarisme refoulé en France, et la perte de souveraineté généralisée. Ce faisant, il appelle à repenser la place des peuples dans un monde dominé par une superpuissance déclinante, mais toujours prédatrice.

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La France au bord de l’implosion

Todd ne tourne pas autour du pot : la France est en crise structurelle, politique, sociale et économique. L’été 2025 aura été celui de la rupture. Le budget de rigueur, les suppressions de jours fériés, la stigmatisation des retraités, la perte du AA chez Fitch… tout concourt à une seule réalité : l’État est à court de solutions.

« On est dans un monde où tout le monde fait semblant. »

La France ne dispose plus d’aucune marge de manœuvre. Sans souveraineté monétaire, ni commerciale, les gouvernements successifs bricolent à l’intérieur d’un cadre imposé par Bruxelles et Berlin. Pendant ce temps, l’exigence égalitaire refait surface, avec une radicalité nouvelle : faire payer les riches devient un cri partagé des deux bords.

La revanche du peuple : entre antiriches et anti-immigration

La France se distingue de ses voisins par un double moteur de contestation : une poussée anti-immigration d’un côté, et une résurgence de la colère sociale contre les élites économiques de l’autre. Cette tension se retrouve autant à gauche qu’au sein du Rassemblement National.

« C’est comme si les milieux populaires étaient tiraillés entre deux boucs émissaires : les immigrés ou les riches. »

Todd y voit le retour d’un fond égalitaire français que les élites, y compris à gauche, tentent en vain de contenir. Une tradition révolutionnaire, toujours vivace, que même les analystes étrangers ne parviennent à effacer.

Blocages politiques, mascarade démocratique

À gauche comme à droite, Todd fustige l’hypocrisie des acteurs politiques : personne n’ose remettre en cause l’euro. Le système est verrouillé. Le « bloc central » (LREM, Renaissance) incarne selon lui la vraie radicalité autoritaire. Les autres, LFI comme RN, jouent une partition devenue illisible, coincés entre stratégies électorales et idéologie culturelle.

« LFI est travaillée par un racisme de classe. »

Deux issues se dessinent : un défaut sur la dette… ou un régime change — une transformation institutionnelle profonde, sans révolution, mais sans retour non plus.

Une Europe sous tutelle américaine

Le constat devient géopolitique. L’Union européenne n’est plus un projet souverain, mais une zone sous contrôle américain. Entre accords inégaux, pression militaire et chantage énergétique, Todd parle de colonisation consentie.

« Ce n’est plus du libre-échange, c’est du serf-échange. »

L’OTAN, malgré sa défaite stratégique en Ukraine, demeure le bras armé de cette soumission. L’Europe, dit-il, n’est plus un projet : c’est un protectorat.

La guerre d’Ukraine : une défaite niée

Todd enfonce le clou : la guerre est perdue, les États-Unis le savent. Les Européens, eux, font mine de l’ignorer, refusant d’admettre que la Russie a tenu tête à tout l’Occident. Ce refus de voir la réalité nourrit une fuite en avant délirante.

« Ils ont perdu la guerre, et maintenant ils veulent imposer leurs conditions à la Russie. Ce sont des fous. »

Colonisation mentale, soumission des élites

Le problème dépasse la géopolitique. C’est une crise morale, civilisationnelle. Les élites françaises, allemandes, britanniques, sont incapables d’envisager l’émancipation. Todd évoque la NSA, les bases américaines en Allemagne, le contrôle des réseaux, des institutions, des cerveaux.

« Nous sommes des colonies américaines. Il faut le dire. »

Israël, Gaza, et le retour du mal

La question morale devient centrale. Pour Todd, le soutien occidental à Israël face aux massacres à Gaza constitue un tournant. L’Europe s’aveugle volontairement. Pire : ce soutien inconditionnel devient un antisémitisme inversé.

« C’est la faillite. Pas seulement politique. C’est la faillite morale de l’Occident. »

Conclusion : fracture, implosion et post-Occident

L’Occident ne domine plus, il se fissure. Il ne produit plus, il consomme à crédit. Il ne pense plus, il répète. Le regard de Todd est sombre, mais nécessaire. Un monde se termine. Un autre peut encore être imaginé. À condition d’oser le regarder en face.

📌 Citations clés

  • « La France n’a plus de souveraineté. Elle est bloquée. »
  • « Les élites européennes sont sous contrôle américain. »
  • « Nous ne sommes plus une démocratie. Nous sommes une colonie. »
  • « L’Occident a perdu sa guerre. Et son âme. »
  • « Ce qui se passe à Gaza, c’est une faillite morale. »