Et si on n’était pas seuls dans l’univers ? Trois questions pour l’humanité

Résumé : Dans le Vlog 72 de matetleweb.com, je dialogue avec une voix d’IA masculine à bord d’un vaisseau imaginaire. À partir de trois questions simples – comment des extraterrestres nous verraient, ce que cette nouvelle ferait en nous, et si elle nous rendrait plus libres ou plus contrôlés – on déroule un fil qui parle moins des « petits hommes verts » que de nous-mêmes, de notre façon d’habiter nos vies, nos peurs et notre liberté intérieure.
Pourquoi poser la question maintenant ?
On vit dans un monde saturé : crises, guerres, effondrement écologique, course à l’IA… Tout semble déjà trop plein, trop bruyant. Et pourtant, au-dessus de ce chaos, il reste une question que personne n’ose vraiment traiter au sérieux, sauf sous forme de spectacle : et si nous n’étions pas seuls ?
Le Vlog 72 ne cherche pas à prouver quoi que ce soit. Il part d’une hypothèse de science-fiction pour mener une enquête très réelle : qu’est-ce que cette idée révèle de l’humanité, de toi, de moi, et de la manière dont nos sociétés organisent la peur et le contrôle ?
Pour garder le fil, j’ai structuré la vidéo – et cet article – autour de trois questions :
- Question 1 : L’humanité vue par des extraterrestres.
- Question 2 : Et moi, qu’est-ce que ça me ferait de savoir qu’on n’est pas seuls ?
- Question 3 : Découverte des ET : plus libres ou plus contrôlés ?
Question 1 – L’humanité vue par des extraterrestres
Imaginons que quelque part, une autre civilisation pointe ses capteurs vers nous. Que verrait-elle vraiment ? Certainement pas nos frontières, nos partis politiques ou nos plateaux télé.
De loin, elle verrait d’abord une petite planète bleue, très vivante, qui brille étrangement la nuit. Une singularité lumineuse dans le noir cosmique.
En s’approchant, elle repérerait un phénomène troublant : une seule espèce a pris le dessus. Une espèce qui :
- construit des villes, des routes, des ports, des satellites ;
- éclaire la nuit et modifie l’air, l’eau, les sols ;
- a appris à parler, à écrire, à stocker ses souvenirs dans des machines ;
- compose de la musique, peint des tableaux, envoie des sondes dans l’espace.
Sur le papier, c’est magnifique. Mais nos observateurs extraterrestres ne verraient pas que ça. Ils verraient aussi notre côté sombre : la capacité à détruire les forêts, les océans, le climat, tout en sachant très bien ce que l’on fait ; à fabriquer des armes capables de tout raser, tout en écrivant des poèmes sur l’amour et la paix ; à rêver de fin du monde dans nos films et nos séries, tout en transformant ce cauchemar en divertissement du samedi soir.
« Pour eux, l’humanité ressemblerait peut-être à un adolescent brillant qui joue avec des allumettes dans une forêt très sèche. »
C’est l’image centrale du Vlog 72 : une espèce adolescente, brillante, créative, émouvante parfois, mais pas rassurante. Une espèce au bord de quelque chose :
- soit l’autodestruction – par guerre, par effondrement écologique, par fuite en avant technologique ;
- soit un vrai passage à l’âge adulte – reconnaître nos limites, accepter notre place parmi d’autres formes de vie, arrêter de jouer avec les allumettes au milieu des arbres secs.
Poser la question du regard extraterrestre, ce n’est pas se demander si « ils » vont venir nous sauver ou nous envahir. C’est se demander à quoi ressemble notre civilisation, vue sans nos excuses, sans notre storytelling, sans nos JT du soir.
Question 2 – Et moi, qu’est-ce que ça me ferait de savoir qu’on n’est pas seuls ?
On quitte maintenant le point de vue cosmique pour revenir à la chambre, au salon, à l’écran posé devant toi. Imagine : une annonce officielle tombe. Pas une rumeur, pas un thread X, pas un documentaire douteux. Une preuve incontestable : d’autres civilisations existent.
Est-ce que ce serait juste une info de plus dans ton fil ? Probablement pas. Ce serait un séisme intérieur.
Le vertige : ta place dans l’histoire change d’échelle
D’abord, il y aurait le vertige. Tout ce que tu considères d’habitude comme énorme – crises politiques, conflits, polémiques – se mettrait à rétrécir. Tu ne serais plus au centre d’une grande fresque humaine, mais dans une petite histoire locale, parmi d’autres histoires possibles dans l’univers.
Ce n’est pas rien. Ça bouscule l’ego collectif, mais aussi l’ego individuel : nos drames personnels, nos objectifs, nos “plans de carrière” seraient forcés de se recalibrer face à quelque chose de plus vaste que nous.
Colère, tristesse : l’impression d’avoir été enfermés dans un imaginaire trop petit
Ensuite viendraient la colère et la tristesse. Tu pourrais te dire qu’on t’a fait vivre dans un imaginaire trop étroit, qu’on t’a appris à regarder le nez collé au mur alors que l’horizon était beaucoup plus loin. Une part de toi se sentirait trahie par les récits – scolaires, médiatiques, religieux, technophiles – qui ont oublié de dire : « Ce n’est peut-être pas que nous. »
Ce n’est pas seulement une question de science, c’est une question d’enfance : dans quel décor mental on nous a fait grandir ? Quel type d’univers a été posé comme “normal” dans nos têtes ?
Le tri : ce qui devient dérisoire, ce qui devient précieux
Après le choc, vient le tri. Certaines choses deviendraient presque ridicules : perdre des heures à se disputer sur des détails, se laisser avaler par le bruit permanent, sacrifier ses journées à des tâches qu’on sait vides de sens.
À l’inverse, certaines choses prendraient une valeur immense : les personnes que tu aimes, les lieux que tu habites, ce que tu crées avec tes mains et ta tête. Tout ce qui, soudain, apparaît comme réellement à toi – non parce que tu le possèdes, mais parce que tu le vis.
La mort, l’essai, et la suite de l’histoire
Enfin, inévitablement, tu tomberais sur la question de ta propre fin. Savoir qu’il existe d’autres formes de conscience rend la mort à la fois plus acceptable et plus douloureuse. Plus acceptable, parce que tu n’es qu’un essai parmi d’autres, dans une expérience qui te dépasse. Plus douloureuse, parce que tu ne verras jamais la suite du récit : comment d’autres espèces, ailleurs, gèrent ce vertige.
« Tu as un temps limité, ici, maintenant, pour décider si tu veux juste laisser passer tes journées… ou les habiter vraiment. »
Au fond, cette nouvelle ne te dirait pas comment vivre. Elle ne te donnerait pas de mode d’emploi. Elle ne ferait que mettre en lumière quelque chose que tu sais déjà mais que tu préfères oublier : ton temps est compté.
Question 3 – Découverte des ET : plus libres ou plus contrôlés ?
Revenons au niveau collectif. Si demain une annonce officielle confirmait l’existence d’autres civilisations, la vraie question ne serait pas « Qui sont-ils ? », mais : qu’est-ce que nous allons faire de cette nouvelle ?
Scénario 1 : une ouverture qui fissure notre narcissisme
Dans un premier scénario, cette découverte pourrait nous rendre plus libres. Elle casserait notre narcissisme collectif : nous ne serions plus le centre de tout, mais une espèce parmi d’autres. Certains nationalismes paraîtraient soudain ridicules. Certains conflits – déjà absurdes – deviendraient indéfendables.
On pourrait réorienter une partie de notre énergie vers autre chose que la compétition permanente : connaissance, coopération, création. Imagine une humanité qui investit autant dans la compréhension de la vie ailleurs que dans l’industrie de l’armement. Ce n’est pas une utopie, c’est une bifurcation possible.
Scénario 2 : la cage sophistiquée avec des étoiles peintes au plafond
Dans un autre scénario, exactement la même nouvelle deviendrait un excellent prétexte pour renforcer le contrôle. On pourrait t’expliquer qu’il faut plus de surveillance, plus de secret, plus d’obéissance « pour protéger l’humanité ».
La mécanique est déjà rodée : état d’urgence, lois d’exception, censure présentée comme “lutte contre la désinformation”. Il suffirait de remplacer quelques mots par “menace extraterrestre” pour habiller l’ancien réflexe avec un vernis cosmique.
« Une cage plus sophistiquée, avec des étoiles soigneusement peintes au plafond. »
Ce serait le summum du storytelling sécuritaire : on te vendrait le rêve d’une humanité unie face à “l’extérieur”, tout en verrouillant encore un peu plus ce que tu peux dire, penser, remettre en question.
Les deux dynamiques à la fois – et ton choix à toi
La vérité, c’est que ces deux dynamiques peuvent coexister. Certains utiliseront cette ouverture cosmique pour élargir leur regard, questionner les récits officiels, inventer d’autres façons de vivre. D’autres s’en serviront pour enfermer encore plus : même cage, nouveau décor, nouvelles étoiles LED.
Au bout du compte, cette découverte – si elle arrive un jour – ne décidera pas à ta place. Elle créera juste un espace. Un vide dans lequel quelque chose devra se trancher en toi :
- Est-ce que tu en feras un motif de peur, pour déléguer encore un peu plus ta liberté à des autorités supposées te protéger ?
- Ou est-ce que tu y verras une invitation à prendre ta liberté intérieure au sérieux, à décider ce que tu veux faire de ton temps, de tes relations, de ta créativité ?
La distinction n’est pas abstraite. Elle se joue dans le quotidien : dans tes sources d’information, dans ce que tu partages, dans la manière dont tu choisis (ou pas) de t’exposer à la peur, au bruit, à la distraction programmée.
Ce que propose le Vlog 72
Le Vlog 72 ne donne pas de réponse définitive. Il met en scène un dialogue entre un humain et une IA qui essaient, ensemble, de regarder cette question sans la réduire à un spectacle ou à un dogme.
Ce que la vidéo propose, et que cet article prolonge, c’est une chose assez simple : prendre au sérieux l’effet que nos imaginaires ont sur nos vies. Que les extraterrestres existent ou non, la façon dont on se raconte cette possibilité change déjà quelque chose :
- à notre regard sur l’humanité,
- à notre rapport intime au temps,
- à notre manière d’accepter – ou de refuser – les logiques de contrôle.
Le reste, c’est une affaire de choix. Pas de ceux qu’on coche dans une urne tous les cinq ans, mais de ceux qu’on pose chaque jour : comment on occupe sa journée, ce qu’on met dans sa tête, à qui on laisse le droit de nous raconter le monde.
