Comprendre le Risque de Tsunami en Méditerranée : Une Approche Probabiliste Basée sur des Données Historiques

Les tsunamis, ces vagues géantes souvent déclenchées par des séismes, des éruptions volcaniques ou des glissements de terrain sous-marins, représentent une menace redoutable pour les zones côtières. En Méditerranée, une région marquée par une activité sismique notable et une histoire riche, le risque de tsunami est bien réel, même s’il reste moins médiatisé que dans d’autres parties du monde comme le Pacifique. Mais comment estimer ce risque dans une région où les archives historiques sont parfois lacunaires ou imprécises ? Une étude récente, intitulée « Probabilistic Tsunami Risk Assessment from Incomplete and Uncertain Historical Impact Records: Mediterranean and Connected Seas », propose une réponse innovante grâce à une approche probabiliste. Cet article de blog vous emmène à la découverte de cette méthode et de ses implications pour mieux comprendre et anticiper les tsunamis en Méditerranée et dans les mers connectées.

Méthodologie : Une Approche Probabiliste pour Évaluer le Risque de Tsunami

Qu’est-ce que l’Évaluation Probabiliste du Risque de Tsunami (PTRA) ?

L’évaluation probabiliste du risque de tsunami, ou PTRA, est une méthode scientifique qui calcule la probabilité qu’un tsunami d’une intensité donnée frappe une côte spécifique. Contrairement aux approches basées sur des scénarios fixes, la PTRA exploite l’ensemble des données disponibles, même celles qui sont partielles ou incertaines, pour offrir une estimation plus complète du risque. Cette technique s’inspire des modèles utilisés pour évaluer les risques sismiques et adapte ces concepts aux tsunamis.

Mesurer l’Intensité des Tsunamis avec l’Échelle K

Pour quantifier l’impact d’un tsunami, les chercheurs utilisent une échelle d’intensité sur 12 degrés, notée K, développée par Papadopoulos et Imamura en 2001. Cette échelle mesure les effets destructeurs des tsunamis sur les infrastructures et l’environnement, allant de légers dommages (K=1) à des destructions massives (K=12). Par exemple, un tsunami de niveau K ≥ 7 est considéré comme dommageable.

Citation clé : « L’intensité du tsunami, K, est une mesure directe des effets destructeurs, intégrant les impacts sur les bâtiments, les infrastructures et l’environnement naturel. »

Exploiter des Données Historiques Imparfaites

L’un des défis majeurs de cette étude est de travailler avec des données historiques souvent incomplètes, notamment pour les événements antérieurs à 1900. La PTRA surmonte cette difficulté en intégrant ces incertitudes dans ses calculs, ce qui permet d’utiliser des catalogues anciens tout en maintenant la fiabilité des résultats.

Données Utilisées : Les Catalogues de Tsunamis en Méditerranée

Un Catalogue Riche de 256 Événements

Les scientifiques ont analysé un catalogue recensant 256 tsunamis dans la Méditerranée et les mers connectées (mer Noire, mer de Marmara, golfe de Corinthe) depuis la préhistoire jusqu’à 2021. Ces données proviennent de sources variées : récits historiques, rapports scientifiques et observations instrumentales modernes.

Une Division en Trois Périodes

Le catalogue est structuré en trois grandes périodes :

  • Instrumentale (1900-2021) : données précises grâce aux outils modernes.
  • Historique (Ve siècle av. J.-C. à 1899) : informations souvent fragmentaires.
  • Préhistoire (avant le Ve siècle av. J.-C.) : données rares, basées sur des indices géologiques.

Chaque événement est classé avec une intensité K et un niveau de fiabilité, permettant une analyse nuancée.

Citation clé : « L’approche permet d’utiliser l’ensemble des données disponibles, y compris les parties incomplètes et incertaines des catalogues historiques, pour estimer le risque de tsunami. »

Résultats : Où le Risque de Tsunami est-il le Plus Élevé ?

La Méditerranée Orientale en Tête

L’étude révèle que la Méditerranée orientale (EM) est la région la plus exposée, avec une période de retour de 31 ans pour un tsunami d’intensité K ≥ 7. Cette vulnérabilité s’explique par une forte activité sismique, notamment le long de l’arc hellénique.

Comparaison des Bassins

  • Méditerranée Occidentale (WM) : Risque moindre, avec une période de retour de 135 ans pour K ≥ 7.
  • Golfe de Corinthe (CG) : Malgré sa petite taille, ce bassin affiche un risque élevé (période de retour de 118 ans pour K ≥ 7) en raison de sa sismicité et de sa susceptibilité aux glissements de terrain.
  • Mer de Marmara (MS) et Mer Noire (BS) : Risques plus faibles, avec des périodes de retour de 424 ans et 1660 ans respectivement pour K ≥ 7.

Probabilités dans le Temps

Pour l’ensemble de la Méditerranée, la probabilité qu’un tsunami dommageable (K ≥ 7) survienne dans les 50 prochaines années atteint 87 %, soulignant l’urgence d’une préparation adaptée.

Implications : Mieux Gérer le Risque de Tsunami

Un Outil pour la Prévention

Ces résultats alimentent des initiatives comme le Système d’Alerte Précoce et de Mitigation des Tsunamis (NEAMTWS/UNESCO), en aidant à identifier les zones prioritaires pour la prévention. Les périodes de retour et les probabilités calculées permettent aux décideurs de mieux planifier les mesures de protection.

Limites et Perspectives

Malgré ses avancées, la PTRA dépend de la qualité des données historiques. Les chercheurs appellent à enrichir les catalogues avec des études géologiques sur les tsunamis préhistoriques pour affiner encore les prévisions.

Synthèse

Cet article a exploré une méthode probabiliste novatrice pour évaluer le risque de tsunami en Méditerranée et dans les mers connectées, en s’appuyant sur des données historiques parfois imparfaites. Grâce à l’échelle d’intensité K, les scientifiques ont calculé les probabilités et périodes de retour des tsunamis dans différents bassins. La Méditerranée orientale se distingue comme la zone la plus à risque, suivie par le golfe de Corinthe et la Méditerranée occidentale, tandis que la mer de Marmara et la mer Noire sont moins menacées. Ces informations, cruciales pour la gestion des risques, soulignent l’importance de conjuguer science et préparation pour protéger les populations côtières.